Les
titres des paragraphes ont été ajoutés pour plus de commodité, ils
n’apparaissent pas dans l’ouvrage. Les astérisques
indiquent les passages les plus importants qui peuvent, vraisemblablement, être
proposés à l’explication orale du baccalauréat.
§ 1 – L’objet de ce livre
L’auteur
se réjouit de donner à lire une version en français de son ouvrage (Les Principes de la philosophie, 1649), car il
pense qu’il sera lu par davantage d’« honnêtes hommes » selon le concept
en vigueur au 17è s. Descartes attend beaucoup de ces nouveaux lecteurs car il
se méfie des érudits et des philosophes institutionnels.
§ 2 – La philosophie comme
connaissance des vrais principes *
-
Sur le mot « sagesse » :
ne pas confondre avec la simple prudence, il s’agit bien ici de connaissance, à la fois pratique et théorique
-
Connaissances des premiers principes. Les
principes sont les causes (ou les « raisons ») de tout ce qui existe,
ce qui permet de comprendre le monde des choses et des hommes.
-
Ces principes possèdent 2 qualités :
- Il sont clairs et évidents :
2 qualités qui s’applique aux idées vraies en général. Clairs parce qu’on ne
peut les confondre un principe avec un autre, évidents parce qu’on ne peut pas
en douter.
- Ils sont premiers :
ce qui semble évident puisque le mot principe vient du mot latin principium qui a tout à la fois, comme le mot
grec archè, le sens de commencement et
de commandement, et il retient de son étymologie une double relation avec les
idées de priorité et de supériorité, le principe étant à la fois ce qui précède
et ce qui régit les choses qu'on lui rapporte.
C’est
pourquoi (connaissance des) « premiers principes » sonne comme un
pléonasme : c’est que le philosophe ne prétend connaître tous les
principes, simplement les plus importants, ceux qui viennent donc en premier.
-
Dernière phrase : Dieu seul est
parfaitement sage (omniscient). Mais les hommes sont d’autant plus sages
qu’ils connaissent (ou cherchent à connaître) les vérités les plus importantes.
L’homme en tant que créature de Dieu, fait « à son image »,
s’approche du divin par son intelligence, mais seulement au sens le maximum
s’approche de l’infini (l’écart reste abyssal).
§ 3 – Utilité et noblesse de la
philosophie * (voir explication complète et détaillée sur ce site)
§ 4 – Les 5 degrés de la Sagesse
et la critique d’Aristote *
-
Ce passage est une « pique » lancée contre les érudits et philosophes
institutionnels.
-
Les degrés de la sagesse :
1
- les notions premières (claires, évidentes, innées, donc communes à tous… mais
simples)
2
- l’expérience des sens (peu fiable selon Descartes – cf. le passage du
« Morceau de cire » dans
les Méditations, cours Matière et esprit)
3
- les dialogues et les conversations (domaines des « opinions »,
parfois vraies parfois fausses)
4
- la lecture (sorte de conversation avec un auteur)
5
- la philosophie : chercher les causes premières et les premiers
principes. Or Descartes fait ici le constat amer que les philosophes jusqu’ici
ont échoué.
(un
degré supplémentaire, mais à part : la révélation divine, soit une
connaissance qui vient d’un seul coup)
- La critique d’Aristote (commence
à « Les premiers et les principaux »
-
Platon n’a fait que « jouer » avec le doute et l’incertitude, et s’y
complait (Descartes critique la « maïeutique » où Socrate avoue ne
rien savoir)
-
Aristote n’a fait répéter les idées de Platon en les présentant autrement. Mais
surtout il affirme le vraisemblable comme s’il était vrai. Les exposés et les
raisonnements d’Aristote se présentent comme logiques (cf. le syllogisme) mais
sont purement formels, ne recouvrent aucune réalité, et sont très loin de la
rigueur mathématique.
>
Leurs disciples furent des perroquets !
>
Un scepticisme faux en découle : certains vont jusqu’à douter des actions
pratiques (courant sceptique), tandis que d’autres ne croient qu’en leurs sens
(courant épicurien, matérialiste).
-
Puis on a même déformé Aristote.
-
Tous ces courants philosophiques du passé on ceci en commun : « ils sont tous supposé pour principes quelque
chose qu’ils n’ont point parfaitement connu ». Tandis que
Descartes, dans son Discours de la méthode, préconise de ne jamais poursuivre
un raisonnement tant qu’on n’est pas certain de ce qu’on avance (principe de la
déduction mathématique).
-
Un exemple, en physique : la pesanteur, ils ne l’expliquent pas mais au contraire ils
prétendent en tirer des conclusions hâtives qui confortent des préjugés (du
genre : les corps chutent vers le centre de la terre… ce qui prouve bien
que la terre est au centre)
-
Ces erreurs de méthode sont graves, car si les principes sont erronés il est
impossible d’avancer dans la connaissance. Une
vraie science pour Descartes est une science qui nous fait progresser :
1) découvrir des vérités, 2) avancer vers la sagesse.
-
Finalement tout ce qui a été avancé en philosophie jusqu’à présent n’est que le
produit des 4 premiers degrés de connaissance.
-
Conclusion : ceux qui ont le moins
appris dans les Ecoles… sont aujourd’hui les plus capables d’apprendre !
§ 5 – Les vrais Principes de la
philosophie *
- Rappel des 2
critères des vrais principes : leur clarté
et leur évidence > sous ces conditions seules, en tant que principes
premiers, ils permettent d’en trouver d’autres en suivant. Le seul critère de la vérité des principes est leur
fécondité.
- En quoi sont-ils
clairs et évidents ? Ils résistent au doute, ils sont indubitables.
-
Le premier principe est l’existence de la pensée
(cogito = sum)
- Le second principes est l’existence de Dieu (comme
Esprit). Rappelons que dans Les Méditations, Descartes propose un raisonnement
(une « preuve ») original, dit « la preuve par l’idée
d’infini : l’infini ne peut pas sortir du fini, or un être fini comme
l’homme possède une notion de l’infini en son esprit, dont il ne peut être
l’auteur : un Dieu a donc dû disposer cette idée dans son esprit).
- Dieu d’une part garantit la fiabilité de mon
entendement (ce que mon entendement me présente comme vrai s’avère bien réel,
ce n’est pas une illusion)
-
Dieu d’autre part est le garant de toutes les vérités (= véracité divine, Dieu
n’est pas trompeur)
- Cette confiance en Dieu est importante pour Descartes car
il s’agit de prouver que la raison naturelle,
faite à l’image de l’intelligence divine (même s’il elle lui reste infiniment
inférieure), est elle-même fiable,
notamment lorsqu’elle s’exerce dans les sciences. L’enjeu est historiquement et
culturellement capital, puisque la démarche scientifique à l’époque de
Descartes est loin d’être acceptée (notamment du côté de l’Eglise).
-
Le troisième principe est l’existence du monde en
tant que figurable et mesurable (Galilée : « La nature est écrite en
langage mathématique »), c’est-à-dire objectivable par la science.
-
Tous ces principes ont été connus de tout temps, reconnait Descartes, sauf
qu’ils n’ont pas été considérés comme premiers (pour Descartes, c’est l’ordre
les vérités qui compte !). D’où l’intérêt de lire mon ouvrage déclare
Descartes, ne serait-ce que pour mieux comprendre ceux des autres !
6 § - Comment lire ce
livre ?
- « le
parcourir tout entier comme un roman » : « roman » renvoie
à une histoire, à un parcours, celui d’un esprit (Descartes), histoire de
marquer l’honnête homme… Rappelons que Le
Discours de la Méthode déjà se présentait en partie comme un essai
auto-biographique.
- puis dans un
second temps, le relire plus scientifiquement (« connaître les
raisons »)
- une troisième
lecture servira à pointer les difficultés > nous verrons alors qu’aucune
difficulté, en philosophie, ne résiste à l’examen.
§ 7 – Nécessité de la méthode
-
Descartes rappelle que tous les esprits peuvent accéder à la vérité (c’est
observable), mais encore faut-il qu’ils disposent d’une méthode universelle.
- Mais la force des
préjugés est terrible de la part
De
ceux qui croient ne pas pouvoir.
Ceux
qui croient déjà savoir…
§ 8 – Dans quel ordre il faut
étudier *
-
1 : se doter d’une morale provisoire.
En effet celui qui a décidé de rechercher la vérité doit d’abord chercher à se
défaire de ses préjugés et par conséquent, à douter de ce qu’il a admis
jusque-là comme vrai. Mais pendant qu’il cherche et doute, il ne peut pourtant
point cesser de vivre. Il doit donc d’abord se donner, à titre provisoire,
quelques règles de morale simples, qui suffisent aux occasions ordinaires de la
vie.
- 2 : se donner les règles de sa pensée,
c’est-à-dire étudier la logique. Descartes critique la logique
scolastique (Aristote) parce qu’elle est stérile, ne servant qu’à exposer ce
que l’on sait déjà. Il lui faut substituer une
logique féconde, qui serve, non seulement à exposer, mais à découvrir.
Cette logique nouvelle sera inspirée des mathématiques, où l’on découvre des
vérités fort complexes, en procédant par ordre,
à partir des vérités simples.
-
3 : aborder l’étude des sciences proprement
dites, dans l’ordre suivant, du théorique vers le pratique (c’est tout
le sens de la métaphore de l’arbre utilisée par Descartes, car ce sont bien les
fruits été non les racines qui sont la finalité de la nature (et ainsi de même
de la science).
-
la métaphysique qui contient les principes (fondements, comme le réalité du
cogito, Dieu…) : ce sont les racines
de l’arbre, d’où tout part
-
la physique (science majeure) : tronc de l’arbre
-
la médecine (1ère science appliquée),
dont Descartes attend beaucoup – l’une des branches
-
la mécanique (2è science appliquée), soit l’ensemble des techniques – branche
-
Enfin la morale (3è science appliquée) – branche
On
voit que la morale est la science la plus
difficile, et celle qui vient logiquement en dernier, parce qu’elle
suppose la connaissance de toutes les autres, et c’est pourquoi il a fallu,
pour le temps de la recherche, se constituer une morale provisoire.
§ 9 – Précédents travaux et plan
de l’ouvrage
1)
Précédents travaux : Descartes
évoque ses précédents ouvrages, comme le Discours
de la méthode et les fameuses Méditations
métaphysiques. En ce qui concerne le premier, son intérêt est de
constituer une grande préface méthodique à ce qu’aurait dû être le
« Traité du monde » que Descartes voulait faire paraître ; mais
il y a renoncé à cause de la censure. Il insiste sur l’importance de la logique
et de la « morale provisoire », avant d’énumérer les diverses parties
de la physique (Dioptrique, Météores c’est-à-dire Astronomie, Géométrie, toutes
ces sciences où Descartes s’est illustré en son temps). Toujours se rappeler de
cette différence : en matière de science, Descartes ne tient pour vrai que
ce qui est certain et logique, donc écarte toute opinion, alors qu’en matière
de morale, il affirme que rien n’est certain et qu’il vaut mieux se conformer
aux mœurs existantes (dans le doute), donc une forme d’opinion est exigible.
2) Plan de l’ouvrage
Partie
1 : la métaphysique. Partie 2 : principes des choses matérielles.
Partie 3 : l’astronomie. Partie 4 : le Terre.
L’ouvrage,
indique Descartes, devait comporter en outre (mais il n’en a pas eu le temps,
ou pas les moyens) une études des animaux et des plantes, et de l’homme, étude
nécessaire, comme nous l’avons vu, à la préparation de la science
dernière : la morale.
§ 10 - Avantages que l’on
peut tirer de ce livre
- satisfaction d’y trouver des vérités :
autrement dit le plaisir gratuit de savoir (idée aristotélicienne que le savoir
rend heureux)
- devenir plus sages, à l’opposé des pédants
(faux savants mondains de l’époque de Descartes).
- les vérités
claires et certaines ôteront, selon Descartes, tout sujet de disputes et
apporteront la paix
- … ces vérités seront fécondes, c’est-à-dire
qu’elles permettront d’en produire d’autres. Thèse très importante, à savoir
que ce qui fait la validité d’une science selon Descartes, comme on l’a dit,
c’est sa fécondité. Le fait qu’elle puisse progresser. Une science qui ne
progresserait pas ne serait pas une science (c’est Aristote qui est visé une
fois de plus).
§ 11 - La dispute avec
Régius
Descartes
a l’occasion ici de « régler ses comptes » avec tous ceux qui prétendent le connaître mais qui trahissent
sa pensée. En cause, comme toujours, la précipitation, le manque de
rigueur. Il faut toujours procéder par ordre. Or ce que reproche Descartes à ce
fameux Régius, un érudit qui prétendait défendre les thèses de Descartes en
matière de physique, c’est justement d’oublier
les fondements métaphysiques de la connaissance. Voir l’arbre du
savoir : la métaphysique, ce sont les racines, elles permettent d’établir
(avant de connaître le monde) comment l’esprit peut se connaître lui-même
(c’est le cogito) puis connaître l’existence de Dieu (source de l’esprit et de
toute vérité). Faute de quoi, l’on tomberait dans un matérialisme que refuse
Descartes.
§ 12 - Message à la
postérité
Dans
ce message, l’auteur rappelle 3 choses.
1)
Il faut compter sur le futur pour être reconnu,
puisque, nous l’avons dit, le propre de la science est de progresser lentement.
2)
Les connaissances scientifiques dépendront
d’expériences qui nécessiteront des moyens, il faudra donc une
« volonté politique » comme on dit, adéquate.
3)
Il rappelle le lien selon lui entre les progrès
de la science et le fait d’acquérir plus de sagesse et plus de bonheur
(pour tous).