Nous avons ensuite évoqué la vérité purement rationnelle et purement logique, celle qui se tient dans la cohérence même du langage et qui culmine dans les raisonnements formels et les démonstrations logiques.
Mais une démonstration visant à établir des vérités réelles (et pas seulement formelles, comme les mathématiques) doit faire l’objet d’une démarche scientifique complète. La science, contrairement à la métaphysique et aux mathématiques pures, cherche à étudier et à connaître le monde… physique, vivant, voire social, concret dans tous les cas.
Or la science obéit à des principes et à des protocoles de vérification stricts, permettant la production de preuves, véritable critère de la vérité en science. Il faut donc souligner l’importance de la méthode expérimentale - où s’articulent Théorie et Expérience - contre la croyance en une toute puissance de la raison « pure ».
Méthode qui trouve ses limites cependant aux abords des sciences dites « humaines », dont on se demandera si elles sont de « vraies » sciences justement, en développant particulièrement l’exemple de l’Histoire.
- Petite histoire du mot « science » - Or il est intéressant de brosser l’histoire du mot « science » dans la mesure où précisément, aux origines grecques de ce concept, il se confond avec celui d’« histoire » ! Il y a bien un terme en grec qui signifie plus précisément la Science au sens de savoir constitué, c’est Épistémè. Mais la science comme nous la comprenons aujourd’hui est moins le savoir proprement dit que la recherche du savoir. D’où l’intérêt du mot “histoire” (historia en grec) qui signifie originellement étude, enquête ou recherche et, dans un second temps seulement, la connaissance qui en résulte. Chez Platon, l’on trouve déjà une opposition entre deux formes de connaissance : l’une relative aux données sensibles, c’est-à-dire aux faits, dont on cherche à connaître les causes dites “prochaines” (les plus proches) : Historia ; l’autre relative aux Idées ou essences qui constituent les causes dites “premières”, c’est-à-dire les causes principales des choses : Théôria. Il est évident que pour Platon la vraie connaissance est celle des Idées (la philosophie théorique), et non pas celle des données sensibles (l’histoire). Mais à ce premier stade le concept de science, très général, contient encore cette dualité. — Cette opposition se retrouvera aux 17è et 18è siècles entre d’une part la connaissance de fait qui dérive de la perception et que la mémoire conserve, et d’autre part la connaissance qui procède par raisonnement. Généralement on appelle la première histoire, et la seconde philosophie. A son tour, l’histoire se divise en histoire naturelle (« histoire des animaux » par ex. = étude ou science des animaux) et en histoire humaine. Donc, ce qu’on appelle “histoire”, à l’âge classique, n’est autre que ce que nous appelons aujourd’hui la “science”. Cette proximité avec le concept d’histoire montre à quel point la science a pour vocation de se pencher sur les faits, pour en rechercher les causes et pour les expliquer.